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On ne sait pas davantage pourquoi la pensée est venue à mademoiselle Charlotte d’Erra de choisir ce lieu délicieux pour y écrire le récit de sa soirée d’hier. Peut-être a-t-elle voulu encadrer richement dans l’or et dans les fleurs un simple épisode de sa vie de jeune fille qui pourrait devenir — si Dieu le permettait dans sa bonté — la première page de la vie d’une femme.

Hier, après le dîner, nous nous étions, suivant notre usage quotidien, répandus dans la cour du château, pour y respirer l’air frais du soir, mêlé aux parfums des roses et des cigares. M. de Louvercy fumait et se prélassait sur son banc favori au milieu des coussins dont nous l’avions comblé. Cécile, toujours agitée comme une étoile, eut tout à coup l’idée malencontreuse de jouer avec la béquille de son cousin.