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et dans ce bosquet une statue de Flore, de Cérès ou de Pomone, avec une table rustique et trois chaises. C’est un endroit charmant, surtout par une belle matinée d’été comme celle-ci. Il y règne un demi-jour religieux : les feuillages retombent et s’entre-croisent dans un épais lacis qui laisse à peine voir quelques coins de ciel bleu. Le soleil jette çà et là sur le sable, sur les chaises, sur les épaules de la déesse, quelques bandes lumineuses, quelques rayons qui semblent tamisés par les vitraux peints d’une église. Une vague odeur d’oranger s’évapore, avec la rosée, des grappes blanches des acacias, — et, pour tout achever, on entend sortir d’une ravine, qu’on ne voit pas, le babillage musical du petit ruisseau qui alimente l’étang aux cygnes, et qui passe par là on ne sait comment.