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et pris soin de sa toilette, ordinairement fort négligée. Son beau visage pâle et farouche s’est éclairé et adouci peu à peu dans notre compagnie, quoiqu’il s’assombrisse et se contracte encore terriblement toutes les fois que le moindre incident lui rappelle ses infirmités, — par exemple, quand il a besoin d’un secours étranger pour se servir à table, pour s’asseoir ou pour se lever. C’est dans ces petites circonstances que je trouve moyen de lui témoigner la pitié réelle qu’il m’inspire. Habituellement, après le dîner, il va s’asseoir quelques instants sur un des bancs de jardin qui sont placés sous les fenêtres du rez-de-chaussée. L’autre soir, Cécile et moi, le voyant mal à l’aise sur ce banc, nous nous fîmes un signe : Cécile courut chercher dans le salon une pile de coussins