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Un instant après, on m’a demandé de chanter quelque chose. J’ai une voix de mezzo-soprano assez forte et assez cultivée, mais je n’aime guère à la produire en public ; on le sait, et on me laisse en général tranquille. Cependant je me suis mise au piano, et j’ai commencé l’air de Norma, — Casta diva. Ma surprise a été vive, et ma mortification ne l’a pas été moins, quand j’ai vu, au bout de quelques mesures, le commandant d’Éblis ouvrir discrètement la porte du salon et disparaître. J’ai trouvé le procédé médiocre. Je n’en ai pas moins continué de perler mes sons avec le soin consciencieux que j’apporte à ce que je fais. Je venais de terminer au milieu d’un murmure flatteur, lorsque M. d’Éblis est rentré ; il est venu à moi :

— Mademoiselle, m’a-t-il dit en me