Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans sa physionomie : de beaux traits froids, un teint bistré, d’épaisses moustaches en herse, des yeux très-noirs et très-calmes, voilà ce qu’on voit d’abord, et cela n’est pas très-rassurant. Mais le plus léger sourire qui apparaît sur tout cela y répand un air de bonté qui rend la confiance. On prend tout à fait courage dès qu’il dit quelques mots, car sa voix est singulièrement douce et musicale. C’est une surprise et un charme que d’entendre cette musique sortir de ces effrayantes moustaches.

J’ai eu plusieurs fois ce plaisir pendant le dîner, ayant été placée à table près de M. d’Éblis. Nous avons commencé par nous taire tous deux ; j’étais intimidée, et peut-être au fond n’était-il pas beaucoup plus brave que moi ; car, enfin, s’il a sa mine sévère, j’ai aussi la mienne, et j’ai remar-