Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sera plus facile que de l’éviter… pauvre garçon !… vous entendrez sa béquille sur l’escalier !

Malgré cette recommandation, je m’étais promis secrètement, je l’avoue, de saisir un jour ou l’autre l’occasion d’apercevoir ce sombre disgracié ; ma curiosité a été dès cette première heure satisfaite et même punie, car ma compassion sympathique pour cette grande infortune a beaucoup de peine à se soutenir après ce que j’ai vu et surtout entendu. La fenêtre de mon cabinet de toilette s’ouvre sur la petite cour où sont les écuries réservées à l’usage particulier de M. de Louvercy. J’achevais de planter ma rose rouge dans ma dentelle, quand cette cour a subitement retenti d’un tumulte confus de piétinements, d’aboiements, d’appels, de cris impatients et, il faut bien le