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des causes douloureuses qui nous avaient rendus libres. Je ne sentais dans ma conscience, je ne concevais dans la sienne, aucun obstacle qui pût s’élever désormais entre nous, et séparer deux cœurs liés depuis si longtemps par une mutuelle et profonde affection.

Cependant, depuis le jour où, pour écarter les soupçons de M. d’Éblis, je lui avais livré la lettre de Cécile, et où il se croyait à demi coupable de son suicide, je me demandais si je n’avais pas jeté moi-même dans la conscience de cet honnête homme des scrupules dont je pouvais être la victime. Son âme généreuse et délicate ne se croirait-elle pas, à la suite de ma révélation pieusement mensongère, des devoirs d’expiation, et en quelque sorte de réparation envers celle qui n’était plus ?