Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Madame d’Éblis, lui dis-je, s’était couchée la veille avec une grosse fièvre, suite de la fatigue de son voyage à travers les neiges ; dans son agitation, elle m’avait dit comme en sommeillant des choses étranges… qu’elle avait la tête en feu, qu’elle voulait sortir, aller dans le parc, dormir dans la neige…malheureusement je n’avais pas attaché d’importance à ces paroles fiévreuses, surtout en la voyant s’endormir tout à fait ; mais, ce matin, en allant prendre de ses nouvelles, je ne l’avais pas trouvée dans sa chambre ; je m’étais assurée qu’elle n’était pas dans le château… d’autres indices encore me donnaient à craindre que sa fièvre n’eût redoublé pendant la nuit, et que dans un accès de délire elle n’eût essayé de réaliser ses sinistres rêveries… Nous allions d’abord