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l’idée que toute minute perdue pouvait être irréparable me tira de ma stupeur. Je courus chez moi ; j’appelai un de mes domestiques, Jean, l’ancien soldat de mon mari, qui était resté à mon service et qui avait toute ma confiance. — Je lui dis brièvement que j’avais une course à faire dans le parc et que je le priais de m’accompagner. Il fut évidemment saisi de l’altération de ma voix et du bouleversement de mes traits ; mais il ne m’interrogea pas. Je m’apprêtai, il fut prêt lui-même en un instant, et nous sortîmes du château par la porte des écuries afin de ne pas éveiller l’attention.

Il fallait cependant confier à cet homme tout ce que je pouvais lui dire de l’affreuse vérité. Je commençai donc à lui donner tout en marchant l’explication que j’avais préparée à la hâte :