Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bref, il a été convenu que nous irions, dans une dizaine de jours, la comtesse d’Erra et moi, rejoindre à Louvercy mon amie Cécile, qui est partie dès hier. Dix jours nous suffiront à peine pour effectuer nos préparatifs, qui sont considérables ; on en jugera par ce simple détail que ma grand’mère emporte ses trois paravents, afin de conjurer les courants d’air qui doivent faire rage, dit-elle, dans ce vieux château. Je surveille avec mon calme trompeur ces étonnants emballages, tout en rêvant secrètement de beffroi, de tour du Nord, de galeries pleines d’ancêtres et de fantômes, et aussi de ce pauvre mutilé à demi fou, qui mêle sans doute ses plaintes aux gémissements du vent dans les longs corridors. — Tout cela, hélas ! m’enchante.