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tes que le prince m’avait laissées pour adieux. Il connaissait ma tendresse de sœur pour Cécile ; avait-il formé le projet de m’inquiéter, tout au moins, en reportant sur ma meilleure amie les attentions dont je ne voulais plus, d’atteindre mon cœur dans le sien et de se venger enfin de moi sur elle ? Si indigne et si détestable que fût un tel dessein, je n’étais plus assez neuve dans la vie pour ignorer que l’âme aigrie d’un libertin était capable de le concevoir… Cet homme, il est vrai, en m’offrant de m’épouser, avait paru faire preuve de quelques sentiments honnêtes et sérieux, mais c’est qu’il m’avait trouvée belle et qu’il n’avait pas vu d’autre moyen de se rendre maître de ma personne.

J’attendis impatiemment qu’il fût parti ; à peine seule avec Cécile, je m’agenouillai