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— Ah ! raison de plus, alors !… J’ai de l’amitié pour vous, mais enfin je vous serai obligée de vous faire plus rare.

Je fus surprise de l’impression sérieuse que ses traits revêtirent subitement.

— Il faut donc s’expliquer, dit-il. Je voulais attendre encore un peu de temps ; mais je vois que le moment en est venu. Il est vrai que je multipliais mes visites sans scrupule parce que mes sentiments pour vous en justifiaient à mes yeux l’indiscrétion… Je vous aime, madame, et ce n’est pas d’aujourd’hui… Pardon ! je sais parfaitement à qui je parle… je sais qu’un pareil aveu adressé à une femme comme vous n’a pas deux interprétations possibles… vous offrir son cœur, c’est vous offrir son nom… Vous vous êtes rendue maîtresse de ma vie… vous avez fait de moi par votre grâce un