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un peu embarrassée de cette espèce de tête-à-tête avec M. d’Éblis, je me mis à mon piano : M. d’Éblis était assis sur un canapé à l’autre extrémité du salon, et, tout en jouant je ne sais quelle mélodie de Chopin, je l’entendais causer à demi-voix avec ma fille, qu’il choyait beaucoup et dont il était le grand ami. Au bout d’un instant, ils se turent tous deux ; j’avais une glace devant moi, j’y jetai les yeux, et je vis M. d’Éblis accoudé sur la table, le front dans sa main. La minute d’après, ma fille, qui s’était approchée de moi à petits pas discrets, me tira doucement par la manche ; je me penchai un peu de son côté sans m’interrompre, et l’enfant me dit à l’oreille :

— Mère,… il pleure !

Sur cette confidence de la pauvre petite,