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— Parce que tu peux me rendre un service immense… Imagine-toi que mon père s’en va…

— Le général quitte Paris ?

— Oh ! pour quelques semaines seulement. Il va faire une tournée d’inspection en province ;… pendant ce temps-là, il m’envoie à la campagne, — dans l’Eure, — chez ma tante de Louvercy… au fond des bois… Ma tante de Louvercy est la meilleure des femmes, mais elle vit seule… là… dans son vieux château, avec son fils,… mon cousin Roger, tu sais ?… qui est à moitié fou depuis qu’il a été si affreusement blessé pendant la guerre… Il n’a plus de bras… plus de jambes… plus figure humaine. Pauvre garçon ! ça fait la plus grande pitié… mais, enfin, tu juges quel intérieur ! — Aussi j’ai dit à mon père : « Mon