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ment à mesure que ma solitude se prolongeait, et qu’on me laissait le temps de la réflexion, sur lequel je n’avais pas compté. Mon imagination m’avait représenté cette scène comme devant être une répétition exacte, vive et rapide de celle qui m’avait tant émue un instant auparavant… un étonnement, un cri, un élan, un transport !… Mais, au lieu de cela, les minutes succédaient aux minutes ; j’entendais à travers l’épaisseur de la portière des chuchotements à demi-voix, des échanges de confidences, un dialogue raisonneur, une sorte de discussion en règle… Le sang me quittait le cœur, et le parquet flottait sous moi, quand la portière s’est enfin soulevée, me montrant le visage de madame de Louvercy, — non pas triste précisément, — mais sérieux et un peu inquiet.