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qui se pique de profondeur, s’arrangeait toujours de façon à se réserver sa propre question afin d’y répondre avec plus d’éclat. Il s’était donc demandé à lui-même : « Qu’est-ce qu’une femme de devoir ? » J’étais chargée de dépouiller les bulletins, et je lus en même temps sa question et sa réponse, qui était ainsi conçue : — « Une femme de devoir est une femme qui ne cherche pas de romans dans la vie, — car il n’y en a pas de bons ; — qui n’y cherche pas la poésie, — car le devoir n’est pas poétique ; — qui n’y cherche pas la passion, — car la passion n’est que le nom poli du vice. »

Un concert de murmures flatteurs, dans lequel j’avais la lâcheté de faire ma partie, a salué cette belle sentence, pendant que l’auteur trahissait son incognito par un