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redresser à cet égard l’opinion publique abusée, et, jusqu’à nouvel ordre, mon livre à serrure saura seul que cette grave, sage et bien équilibrée Charlotte est au fond une jeune personne excessivement romanesque et passionnée.

Et voilà précisément pourquoi j’inaugure si tard ce magnifique livre à serrure, acheté d’enthousiasme trois jours après ma sortie du couvent, et qui attend depuis trois ans mes premières confidences. Vingt fois je me suis assise devant ces pages blanches, brûlant — comme le barbier du roi Midas — de leur livrer mon secret ; vingt fois ma « conscience inquiète » m’a fait jeter la plume. Elle me disait, cette conscience, que j’allais entreprendre une chose imprudente et mauvaise ; que l’habitude de tenir registre de mes impressions, de raffiner