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Puis je l’ai soutenu par le bras pendant qu’il s’y agenouillait ; il se laissait faire comme un enfant. Il s’est accoudé la tête dans sa main, et je me suis agenouillée à côté de lui — Pendant que je priais pour nous deux de toute mon âme, son cœur a éclaté, et je l’ai entendu pleurer à sanglots.

Quand nous nous sommes relevés, me montrant son visage inondé de larmes :

— Voyez, m’a-t-il dit, ce que vous faites faire à un soldat !

— Aussi vous êtes pardonné ! lui ai-je répondu en lui tendant la main.

Nous sommes repartis aussitôt, toujours d’un grand train, mais sans folie. Son émotion calmée, il est devenu presque gai, et s’est mis à interpeller les paysans que nous rencontrions çà et là sur la route, s’informant de leurs affaires, et me contant