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autrefois, et que maintenant encore je crois surprendre par instants. Sa voix même, en me parlant, a des troubles singuliers qu’elle n’a pas avec Cécile… — Qu’est-ce qui se passe dans ce cœur-là ?

Je me promenais ce matin dans le parc en me le demandant, et, en me le demandant, j’avoue que je pleurais un peu. Je n’ai pourtant pas les larmes très-faciles. Mais cette agitation continuelle et contenue à laquelle je suis en proie, cette rivalité sourde avec ma meilleure amie, ces combats intérieurs entre ma conscience et mon devoir, entre ma malheureuse passion et mon amitié désolée, tout ce martyre — car c’en est un — m’a ébranlé affreusement les nerfs. — Au détour de l’allée solitaire où je me promenais, j’ai vu subitement apparaître madame de Louvercy ; comme