Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’ai même pas à prier le bon Dieu de me l’épargner… elle est venue… elle existe.

J’ai beau faire, j’ai beau élever ma pensée de toutes mes forces, je ne puis désirer que son amour soit partagé… je ne le puis ! Tout ce que je puis faire, — et je le ferai, — c’est d’apporter dans cette triste lutte une droiture, une loyauté irréprochables, — de ne pas dire un mot qui puisse desservir Cécile, pas un mot non plus qui puisse trop me servir moi-même, — d’attendre enfin, le cœur déchiré, mais la conscience en paix, qu’il choisisse entre nous deux… S’il me choisissait enfin, Cécile souffrirait sans doute cruellement, pauvre fille ! — pourtant je le crois, — telle que je la connais, — si vive, si tendre, mais si légère, elle se consolerait… Moi, jamais !