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fenêtres du salon après m’être séparée de M. d’Éblis, je crus voir qu’elle me boudait, et je lui en demandai la raison. Elle se fit, suivant l’usage, un peu prier pour me la dire ; puis, comme j’insistais, elle m’entraîna sous les lilas, et me déclara, sur un ton de sérieux et d’amertume fort extraordinaire dans sa bouche, que j’étais une mauvaise amie, que je négligeais complétement ses intérêts, que je trahissais sa confiance, que je m’amusais elle ne savait à quoi, pendant qu’elle restait en l’air entre ses deux prétendants dans une situation horriblement pénible et même ridicule. — Je courbai la tête sous cet orage, reconnaissant à part moi que j’avais un peu mérité ces reproches, et que, depuis quelque temps, je m’étais effectivement plus occupée de mes intérêts que des siens. Je