Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le sous-officier qui portait le drapeau sortit du rang. — Le colonel saisit la hampe d’une main, et, levant l’autre vers le groupe des tambours :

« — Ouvrez un ban ! » dit-il.

Les tambours battirent.

Le colonel s’était approché du feu, portant haut le drapeau : il posa la hampe sur le sol, promena un regard sur le cercle des officiers, et se découvrit : — ils l’imitèrent tous aussitôt ; la troupe attentive gardait un silence de mort. — Il eut alors un moment d’hésitation ; je voyais ses lèvres trembler ; ses yeux étaient attachés avec une expression d’angoisse sur le glorieux lambeau de soie déchirée, triste image de la patrie. Enfin il se décida : il fléchit un genou, et coucha lentement l’aigle dans l’ardent foyer. — Une flamme plus vive jaillit