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de la vieille comtesse. Il était vrai que ce grand jeune homme, froid, spirituel et ennuyé, l’avait toujours beaucoup intimidée : elle se sentait mal à l’aise et inquiète quand il s’approchait d’elle dans un salon. Elle crut se rappeler pourtant qu’il semblait en effet la traiter avec une sorte de courtoisie exceptionnelle, lui épargnant les plaisanteries sarcastiques qu’il ne ménageait guère aux autres femmes. Elle aimait l’idée d’être respectée par ce débauché. Elle évoqua devant elle son beau visage fatigué et hautain, ses yeux pénétrants, ses joues rases, et ses longues moustaches pendantes à la tartare. Elle sourit à la pensée de prendre avec ce personnage, terreur de sa jeunesse, des airs protecteurs et maternels : mais elle se dit que certainement elle n’oserait pas.