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deux pas d’elle, appuyée contre une des colonnettes qui soutenaient la galerie. Elle regardait fixement la mer sur laquelle continuaient de passer des lueurs intermittentes. — Après un long silence, elle éleva de nouveau la voix :

— Vous êtes folle, ma pauvre Jeanne ! — dit-elle. Vous êtes folle, comme je l’ai été et comme nous le sommes toutes au début de la vie !… Mon mari, après tout, m’a rendu service, sans le vouloir… il m’a dégagée de mes langes, il m’a soulagée de mon excès d’idéal. La vérité est, ma chère, que nous sommes toutes ridiculement élevées… Ces éducations éthérées nous faussent l’esprit… La vérité est qu’il n’y a rien sur la terre, — ni dans le ciel, j’en ai peur ! — qui puisse répondre à l’idée qu’on nous donne