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moral aussi large que celui qui la sépare d’un nègre du Zoulouland. Il faut bien qu’elle se dise que livrer sa fille à un de ces hommes, c’est la livrer à la pire des mésalliances et dégrader indignement son propre ouvrage. Sa responsabilité en pareille matière est d’autant plus lourde que les jeunes filles, dans nos mœurs françaises, sont absolument hors d’état de prendre une part sérieuse au choix de leur mari. À bien peu d’exceptions près, elles aiment d’abord de confiance celui qu’on leur désigne pour fiancé parce qu’elles lui prêtent toutes les qualités qu’elles lui souhaitent.

C’était donc à juste titre que madame de Latour-Mesnil se préoccupait avec anxiété de bien marier sa fille. Mais ce qu’une honnête et spirituelle femme