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pourvoir d’un mari. C’est là sans contredit pour les mères une heure solennelle. Qu’elles en soient fort troublées, ce n’est pas ce qui nous étonne ; ce qui nous étonne, c’est qu’elles ne le soient pas encore davantage. Mais si jamais une mère doit éprouver, en ce moment critique, de mortelles angoisses, c’est celle qui a eu, comme madame de Latour-Mesnil, la vertu de bien élever sa fille : c’est celle qui, en pétrissant de ses chastes mains cette jeune âme et ce jeune corps, en a si profondément raffiné, épuré, et comme spiritualisé les instincts. Il faut bien qu’elle se dise, cette mère, qu’une jeune fille, ainsi faite et parfaite, est séparée de la plupart des hommes qui courent nos rues et même nos salons par un abîme intellectuel et