Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
LES FEMMES POËTES

de celle de Paris. Là encore nous avons beaucoup de travaux à énumérer, beaucoup de femmes à citer, honneur de leur sexe et des lettres. C’est, dans le Mâconnais, Philiberte de Fleurs, pour ses Soupirs de la viduité ; dans le Poitou, Madeleine Chémeraut, qui montra que par les dons de l’esprit elle n’était pas indigne de la parenté des dames des Roches ; dans l’Anjou, Esther de Beauvais, dont les opuscules ne déparent pas les œuvres de Béroalde de Verville, auxquelles ils ont été joints ; dans la Provence, la dame Desjardins, estimée de Joachim du Bellay, qui a mêlé plusieurs sonnets dont elle est l’auteur au recueil de ses propres poésies ; dans le Dauphiné, Marie Delahaye, que Claude de Boissière, son compatriote, mentionne dans son Art poétique, au nombre des modèles ; dans le Languedoc, Marguerite de Cambis, qui, pour se consoler dans son veuvage, après avoir perdu son mari, le baron d’Aigremont, enrichissait notre littérature de quelques traductions en vers d’ouvrages italiens ; dans le Bourbonnais, Marie de Brame ; ce sont enfin, dans d’autres provinces, Anne Tulonne, Jeanne Flore, Elisène de Crenne, etc., chacune de ces provinces et même la plupart de nos villes importantes s’honorant à l’envi de posséder des talents qu’elles considéraient comme leur patrimoine public, et se montrant jalouses de conserver le culte de ceux qui les avaient illustrées. À Bourges, dès la première partie du seizième siècle, Jeanne de La Fontaine inaugurait un nom destiné à la gloire en traduisant, comme Anne de Graville, en vers français la Théséide de Boccace. Sa mémoire a eu pour panégy-