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LES FEMMES POËTES

tier, connue aussi sous le nom de dame de Champ-Baudouin, qui douée, suivant l’expression naïve d’un ancien auteur[1], des grâces de la vertu et du savoir, possédait, avec la connaissance des langues, celle des mathématiques, et, de plus, écrivait fort bien en prose ou en vers. Là-dessus, il est vrai, nous devons en croire les témoignages contemporains, car elle ne paraît point avoir publié les œuvres qui l’avaient mise en possession, vers 1584, d’une réputation florissante. C’est que les femmes du seizième siècle, on croit devoir le rappeler, loin de chercher la lumière, la fuient ; elles se dérobent à la publicité, loin d’y faire appel. Le prix de leur mérite s’accroît de leur modestie. Ce trait significatif, qui témoigne que cette grâce suprême des femmes était restée en honneur parmi elles, se retrouve à tout moment chez nos vieux bibliographes ; à tout moment nous les voyons exprimer un regret, c’est que les productions dont ils parlent soient demeurées manuscrites.

Il en fut de même pour Diane Symon, dont les compositions non imprimées, qui circulaient vers 1570 à Paris, étaient fort recherchées des connaisseurs. Signalons encore dans la capitale, où les lettres avaient leur plus brillant foyer, Artuse de Vernon, dame de Téligny, renommée pour ses poésies ; et, à une date antérieure, madame d’Entragues, qui avait charmé par ses rondeaux et ses ballades la cour de Louis XII, l’une des femmes qui y introduisirent le goût de la culture de l’esprit ; Catherine de Clermont, qui épousa le maréchal

  1. La Croix du Maine, dans sa Bibliothèque française.