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ANTOINETTE DE LOYNES

de figurer dans cette élite qui a honoré notre pays, Antoinette de Loynes rivalisa sans trop de désavantage, comme l’attestent ses contemporains, avec tous les coryphées de la littérature, les d’Aurat, les Binet, les Mondoré, les Saint-Gelais, etc. Il ne nous reste d’ailleurs, pour la juger, que bien peu de pièces, entre lesquelles un sonnet mystique adressé à Jeanne Seymour et aux sœurs de cette princesse, avec quelques vers relatifs à la mort de Marguerite de Navarre. Quel est le peintre, demandait-elle, qui réussira mieux que ne l’a fait sa plume, à tracer d’elle une image accomplie ? Elle ajoutait ensuite naïvement, les yeux fixés sur son tombeau :


Avec saint Paul je dirai
 Et croirai
Que la reine ici sommeille,
Et que son corps n’est point mort,
 Ains qu’il dort
Jusqu’au jour qu’il se réveille.


Quant aux filles d’Antoinette, Camille, Lucrèce et Diane de Morel, Scévole de Sainte-Marthe a célébré leur talent poétique, dont, par malheur, les témoignages ont aussi presque tous disparu. Il s’est plu notamment à les montrer dans leur maison, qui semblait, nous dit-il, un temple des muses, et où se pressait une foule sympathique, lorsque, groupées autour de leur mère et de leur père, qui rappelaient Latone et Apollon, elles récitaient avec eux les vers latins ou français qu’elles venaient de composer. L’enthousiasme qu’excitèrent leurs productions est encore attesté par les suffrages de L’Hô-