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ET CATHERINE DES ROCHES

en épanchant avec leurs ondes tant de biens aux mortels.

Gardons-nous de faire succéder, dans l’appréciation de ces ébauches plus ou moins heureuses, un dénigrement trop sévère au trop facile enthousiasme de nos ancêtres, et ratifions plutôt encore avec indulgence les suffrages qu’ils ont décernés à Catherine des Roches pour cette Antithèse de la mort et du sommeil, qui réveille le souvenir de sa fin prématurée :


Rien n’est plus différent que le somme et la mort,
Combien qu’ils soient issus de même parentage :
L’un profite beaucoup, l’autre fait grand dommage ;
De l’un on veut l’effet, de l’autre on craint l’effort.

Le sommeil, respirant mille petits zéphyrs,
Caresse doucement le dormant en sa couche ;
Et la mort, ternissant une vermeille bouche,
Étouffe pour jamais ses gracieux soupirs.

Ne m’abandonne point, ô bienheureux sommeil !
Mais viens toutes les nuits abaisser la paupière
De ma mère et de moi : fais que la nuit dernière
Ne ferme de longtemps nos yeux au clair soleil !

Ainsi soit pour jamais le silence sacré
Fidèle avant-coureur de ta douce présence !
Ainsi l’ombreuse nuit révère ta puissance,
Ainsi les beaux pavots fleurissent à ton gré !


On applaudira également au tableau que mademoiselle des Roches a tracé de l’envie et des envieux dans son poëme intitulé l’Agnodice, dont voici les premières lignes :