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MADELEINE NEVEU

Salomon ; où l’on remarque le portrait de la femme forte :


Heureux qui trouvera la femme vertueuse,
Surpassant de valeur la perle précieuse…
Fuyant le doux languir du paresseux sommeil,
Matin elle se lève, avant que le soleil
Montre ses beaux rayons, et puis fait un ouvrage
Ou de laine ou de lin, pour servir son ménage,
Tirant de son labeur un utile plaisir.
Ses servantes aussi, qu’elle a bien su choisir,
Chassant l’oisiveté, sont toutes amusées
À charpir[1], à peigner, à tourner leurs fusées[2]


Un autre goût que Catherine des Roches partagea avec sa mère fut celui de l’antiquité païenne : elle l’étudiait avec ardeur, et n’aspirait à rien moins qu’à imiter Pindare. En revenant des chefs-d’œuvre de notre littérature à ces simples essais où l’érudition s’efforçait d’ajouter à l’élan de l’inspiration native, il est curieux de voir une jeune fille, passionnée pour l’étude du grec comme les poètes de la pléïade, rappeler par son Hymne de l’eau, l’une des plus belles odes du lyrique thébain[3]. Mais qu’il nous suffise de dire que ce morceau fut fort admiré de son temps, au lieu de citer la longue suite d’hexamètres où sont énumérées avec complaisance toutes les qualités de ces nymphes


Qui punissent l’orgueil et corrigent le vin,

  1. Faire de la charpie.
  2. Aujourd’hui fuseaux.
  3. Première olympique.