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ET CATHERINE DES ROCHES

Pour ce que, sans mourir, chaste, savante et belle,
Vous filez pour nous deux une vie immortelle
Qui vaincra les efforts du temps et de la mort.


Voici comme s’exprime à son tour Charite, sous les traits de laquelle il n’est pas difficile de reconnaître mademoiselle des Roches :


Sincéro, mon désir et mon cœur et ma vie,
Excusez-moi de grâce et ne vous offensez,
Si, poursuivant le cours de mes vers commencés,
J’accompagne l’amour avec la jalousie.

Sincéro, mon désir, je n’eus jamais envie
D’aimer autre que vous ; mais aussi ne pensez
D’aimer autre que moi, et ne vous avisez
De chercher autre nœud que celui qui nous lie.

Ne vous arrêtez point aux propos envieux
Qui veulent réformer la grâce de vos yeux :
Leur finesse et douceur ne sont dignes de blâme.

Leur finesse démontre une sincérité,
Leur douceur représente une simplicité ;
Car les yeux, Sincéro, sont fenêtres de l’âme.


La fin de ce sonnet rappelle un peu le raffinement des Pétrarquistes, dont se raillait du Bellay vers cette époque ; et, avec plus de simplicité, il y a aussi plus de grâce dans une autre pièce du même genre où Catherine des Roches, à l’imitation des églogues de l’antiquité, et sur les pas de Rémi Belleau, peignait un berger et une bergère :


Cependant qu’ils contaient d’agréables discours,
Témoignant la douceur du feu qui les enflamme :