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ET CATHERINE DES ROCHES

sur le fichu de cette jeune personne, devint un sujet inépuisable de traits ingénieux et de vers badins, dont le recueil se trouve dans les Œuvres de Pasquier : car « cette fameuse puce avait, disait-il, mis la puce à l’oreille de tous les beaux esprits. » C’est pour répondre à ce concours de plaisanteries et d’éloges que la mère, fêtée à l’envi avec sa fille, célébra « les poëtes chante-puce ; » et cette pièce de madame des Roches a été placée par erreur sous le nom de Catherine, comme nous en avertit Colletet. À elle seule, si l’on croit La Monnoie, elle vaut mieux que toutes les autres du même recueil.

La mère et la fille s’appliquèrent ensemble à traduire, en vers français, le poëme de l’enlèvement de Proserpine, par Claudien. On comprend donc sans peine, d’après la sympathie qui confondait même leurs études, qu’il y ait eu quelques méprises semblables à celle que nous venons d’indiquer. L’unique ambition de Catherine des Roches était, d’ailleurs, d’ajouter quelque chose à la gloire de Madeleine et d’être nommée après elle, comme son unique passion fut l’amour filial. Héritière des agréments et des vertus de sa mère, objet de sa tendresse exclusive, sa consolation dans le veuvage, elle voulut lui réserver tout son amour, et, par ce touchant motif, elle ne consentit point à prendre d’époux, bien que sa main fût briguée par beaucoup de prétendants. Leur attachement inaltérable sembla être respecté par la mort : car elles succombèrent toutes deux, le même jour, au même fléau, à la peste qui ravageait, en 1587, leur ville natale : heureuses, selon le vœu