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ET CATHERINE DES ROCHES

Sire, si mon obéissance
Et mon loyal déportement
Méritent quelque récompense,
Je vous demande un parlement.

À vous, mon roi, je me veux plaindre
Et vous conter ici comment
Je crains ceux qui me devraient craindre
À faute d’un bon parlement.

Mes voisins me font tant d’injure
Que je désire incessamment
Guérir la peine que j’endure
Par le moyen d’un parlement…


En l’absence de ce parlement désiré, il avait fallu recourir, et on en verra la preuve, à ces assises extraordinaires que l’on appelait les Grands jours. Au reste, Poitiers n’avait pas toujours manqué de parlement ; et la faveur que sollicitait madame des Roches pour sa ville natale n’était, suivant elle, que le rétablissement d’une ancienne institution :


Je l’eus du roi Charles septième,
Et le gardai heureusement ;
Qu’il vous plaise en faire de même
Et me rendez mon parlement.


Cette assertion finale n’était pas toutefois d’une complète exactitude. Seulement ce qui est vrai, c’est qu’en 1422, lorsque les Anglais étaient maîtres des premières villes du royaume et de la capitale, les membres du parlement de Paris, chassés de leurs sièges par les vainqueurs, s’étaient réfugiés à Poitiers, où le roi