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MADELEINE NEVEU

temps, le grec, le latin, enfin l’italien, cet idiome si moderne, que les grands génies qui s’en étaient servi avaient déjà élevé à la dignité de langue classique. Jointe à celle de l’étude, une consolation qui ne lui manqua pas fut d’avoir une fille qui répondit à sa tendresse, à ses soins, à son ambition. Elle-même avait veillé sur son éducation avec la plus active et la plus heureuse sollicitude. Aussi pouvait-elle s’applaudir de retrouver dans cette fille chérie, comme le témoignent quelques-uns de ses vers, avec son maintien, sa taille, et jusqu’à l’accent de sa voix, ses goûts, ses mœurs, son caractère, en sorte que c’était son portrait tout entier,


Et l’âge seul faisait la différence.


Surtout elle se félicitait de leur accord étroit et de l’appui qu’elles se prêtaient l’une à l’autre :


Tu as, enfant, apporté un cœur fort
Pour résister au violent effort
Qui m’accablait ; et m’offris, dès enfance,
Amour, conseil, support, obéissance.
Le Tout-Puissant, à qui j’eus mon recours,
A fait de toi naître mon seul secours.


Dans la communauté d’idées qui régnait entre elles, l’amour des vers était un trésor aux yeux de la mère, dont elle s’était empressée de faire part à sa fille :


Or je ne puis de plus grands bénéfices
Récompenser tes louables offices,
Que te prier de faire ton devoir
Envers la muse et le divin savoir.