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MARIE DE ROMIEU

sont encore, dans le recueil de Marie, des étrennes, des anagrammes, des énigmes. Il y a aussi des pièces amoureuses, entre lesquelles l’une est composée « en faveur du seigneur Maissonnier, son cousin, passionné d’un amour chaste et honnête. » Dans cette catégorie rentre, au moins par le fond des idées, une Instruction pour les jeunes dames, dont Colletet a dit avec assez de raison « que cette instruction apprendrait plutôt à bien faire l’amour qu’à vivre dans la retenue. » Gardons-nous d’en tirer contre elle aucune induction fâcheuse, puisque, avec la naïveté propre à ce temps et au goût de variété bizarre qui le caractérise, l’auteur passe un moment après à des sujets graves et religieux. Son livre se termine notamment par une complainte sur la mort de notre sauveur Jésus-Christ, où le mérite de l’invention n’appartient pas non plus à Marie de Romieu. Là elle se borne à être l’interprète des vers latins de Sannazar, qui se placent parmi les plus célèbres des modernes. Remarquons à cette occasion que chacun payait alors son tribut à la traduction, parce qu’elle était l’expression d’un besoin public : seulement, par un tort qui lui est ordinaire, Marie de Romieu oublie de signaler ses emprunts.

Tout annonce qu’elle survécut peu à l’année 1584, où sa réputation avait atteint son plus grand éclat. On la citait comme l’honneur de sa terre natale, jadis illustrée par les troubadours ; on l’appelait « la gloire du Vivarais, la quatrième des Grâces ». Ce qu’on sait encore, c’est que sa maison ne manquait pas d’importance dans le pays, et qu’elle fut mariée ; car elle fait