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MARIE DE ROMIEU

C’est ce langage des galants dont elle se raille, ce langage mignardé de tropes, qui fait que trop souvent


 Plus d’une, entre tant de pucelles.
Laisse cueillir le fruit de ses pommes plus belles,
Plus par ravissement et par déception,
Que pour avoir en eux mis trop d’affection.


Contestera-t-on maintenant aux femmes de plus hautes qualités et ces vertus qu’on aime appeler viriles ? Mais l’histoire répond pour elles en proclamant les noms de Camille, de Sémiramis, de Zénobie. Ici, l’on s’étonne sans doute que, trop peu préoccupée de l’honneur national, Marie de Romieu oublie une héroïne qui les vaut bien toutes et qui nous touche de plus près, Jeanne d’Arc. Pour ce qui concerne l’intelligence, les lettres et les arts, les femmes ne peuvent-elles pas aussi le disputer aux hommes ? C’est à son siècle surtout qu’elle en appelle, à son siècle où elle mentionne plusieurs de celles qui figureront dans notre étude, la reine de Navarre, les dames des Roches, les demoiselles de Morel et au premier rang la duchesse de Retz à qui elle rend cet hommage :


 …Le grec t’est familier ;
De ta bouche ressort un parler singulier,
Qui contente les rois et leur cour magnifique ;
Le latin t’est commun et ! a langue italique.
Tu ravis les esprits des hommes mieux disants :
Tant en prose qu’en vers tu sais charmer nos sens.


Ce plaidoyer, comme on voit, ne manque ni d’ha-