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MARIE DE ROMIEU

drons aux Lyonnaises, et parce qu’elle était voisine de leur pays, et à cause d’une certaine ardeur d’imagination qu’elle partagea avec la plupart d’entre elles : il y a en effet, dans ce qu’elle a laissé, beaucoup de mouvement et de verve. Elle était sœur d’un poëte, Jacques de Romieu, gentilhomme et secrétaire du roi, qui avait publié une satire contre les femmes ; c’est à cette satire qu’elle répondit, pour ses débuts, en faisant l’apologie de son sexe.

Non contente de revendiquer pour lui l’honneur de l’égalité, Marie de Romieu voulait établir sa supériorité sur celui des hommes : tel est le but de son Discours de l’excellence de la femme, où elle ne lui attribue pas seulement l’avantage pour la modestie, la bonne foi, la douceur et les autres vertus du foyer domestique, mais pour les productions de l’esprit, la capacité dans les affaires, la gloire des armes. Si l’opinion contraire a prévalu, ce n’est, elle le déclare tout d’abord, que par l’effet de l’irréflexion et de l’ignorance ; et cette opinion, elle prétend la réfuter :


Il me plaît bien de voir des hommes le courage,
Des hommes le savoir, le pouvoir ; davantage
Je me plais bien de voir des hommes la grandeur :
Mais, puis, si nous venons à priser la valeur,
Le courage, l’esprit et la magnificence,
L’honneur et la vertu et toute l’excellence
Qu’on voit luire toujours au sexe féminin,
À bon droit nous dirons que c’est le plus divin.