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PERNETTE DU GUILLET

des femmes dont le souvenir a survécu jusqu’à nous, à Pernette du Guillet.

Née en 1520, dans la ville de Lyon, d’une famille noble, elle devait mourir jeune, comme tant d’autres dont les talents, moissonnés trop tôt, ne purent atteindre leur maturité. Néanmoins, malgré la courte durée de sa vie (elle ne se prolongea pas au delà de 1545), Colletet n’hésitait pas à déclarer que la renommée de Pernette du Guillet ne périrait jamais parmi les hommes instruits. Ainsi que Louise Labé et Clémence de Bourges, musicienne et poëte à la fois, elle chantait ses vers en s’accompagnant du luth. Aux dons de l’esprit le plus aimable elle joignait une intelligence très-cultivée et possédait plusieurs langues, celles qui faisaient alors le fond de l’éducation classique. Ses œuvres, recueillies après sa mort par son mari et par Antoine du Moulin, qui en fit l’épître préliminaire, furent dédiées « aux dames lyonnaises, » comme dans la suite une femme célèbre du dix-huitième siècle, madame du Boccage, dédiait l’une de ses tragédies « au beau sexe. » Et ce qui atteste qu’elles trouvèrent des lecteurs empressés, c’est que deux ans après qu’elles eurent paru à Paris, on les réimprima à Lyon. Pour nous, en feuilletant les poésies « de cette gentille et vertueuse dame, » ses odes, ses épigrammes, ses élégies, entre lesquelles Colletet distinguait celles de la Nuit et du Désespoir, nous y avons reconnu, sous l’enveloppe d’un style un peu rude ou embarassé, des idées ingénieuses et de nobles sentiments. Il y a même, dans quelques-uns de ces morceaux, de la facilité et de la grâce. L’un des meilleurs est celui