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LES LYONNAISES

amant, et l’accord qu’avait établi entre elles des goûts et des qualités semblables se serait rompu aussitôt, pour faire place à une hostilité ouverte. On parle d’une satire amère où Clémence déchirait sa rivale avec autant de violence qu’elle l’avait d’abord célébrée avec enthousiasme : mais la satire ne se retrouve point, et nous aimons à penser qu’elle n’a jamais été écrite. Continuons donc à voir dans Clémence la victime d’un amour unique ; et laissons lui sur le front cette couronne que ses contemporains y déposèrent avec respect, non moins pour ses vertus que pour ses talents.

D’autres noms poétiques concoururent encore à la célébrité de Lyon, dans la première partie du seizième siècle. Parmi les femmes qui cultivèrent alors les lettres avec distinction, on citera Jeanne Flore, qui, traitant le sujet en faveur, avait, dans un conte spirituel, montré la punition réservée « à quiconque mépriserait le véritable amour » ; Jeanne Gaillarde, dont on vantait les rimes et qui répondait par un rondeau, que nous a conservé du Verdier, à Marot, qui avait fait son éloge ; Jeanne Creste et Jacqueline Stuard, dignes d’être associées à la pléiade qui rayonnait autour de Louise Labé ; les deux sœurs Claudine et Sybille Scève, qui, avec leur mère, Marguerite du Bourg, descendirent non sans honneur dans la carrière où Maurice Scève, leur parent, les avaient précédées ; Marie de Pierre-Vive, dame du Péron, qui florissait en 1540. À ces noms on pourrait en ajouter d’autres : mais il vaut mieux, laissant de côté ces réputations éteintes, s’arrêter à l’une