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GUILLAUME BUDÉ.

important ; serait-ce qu’il l’aurait cru trop peu prouvé ? On s’étonnera encore qu’il ait néglige quelques souvenirs qui eussent achevé de peindre l’homme. Que ne nous a-t-il fait connaître cette maison de Budé, construite par ses soins et située dans la rue Saint-Martin (c’était alors l’un des plus beaux quartiers de la capitale), dont les histoires de Paris nous offrent la description[1] ? On lisait sur les murs beaucoup de sentences grecques et latines ; mais surtout, au frontispice, on distinguait ces deux vers, digne devise du maître :

Summun crede nefas animam præferre pudori,
Et propter vitam vivendi perdere causas[2].

L’usage de ces inscriptions, sortes d’armes parlantes, cher à l’imagination naïve de nos pères, était aussi ancien que général. Schiller, dans son Guillaume Tell, où la couleur locale est si habilement employée, place ces paroles dans la bouche de la courageuse Gertrude, qui s’adresse à son mari Stauffacher : « Ta maison s’élève richement décorée comme la maison d’un gentilhomme… Sa face est ornée d’écussons nouvellement peints et de sages maximes devant lesquelles s’arrête le voyageur, et dont il admire le sens. »

Ne regrettera-t-on pas pareillement que M. Rebitté ait omis de reproduire le testament de Budé[3], daté du

  1. Voyez particulièrement la Description historique de la ville de Paris, par La Force, 1765, t. III, p. 477.
  2. Juvénal, satire VIII.
  3. Félibien en parle, Histoire de Paris, t. II, p. 1010. Il a été publié récemment dans le Bulletin de la société de l’histoire de France, Documents historiques et originaux, deuxième partie du t. II, p. 225-228.