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GUILLAUME BUDÉ.

ils l’avaient, disait-il[1], arraché à la fausse route où, par le vice des études de sa jeunesse, il s’était trouvé engagé.

Mais ce ne fut pas par sa plume seulement que Budé servit les intérêts de l’enseignement public ; sa position sociale lui permit de les soutenir avec encore plus de force par son crédit à la cour. « À Guillaume Budé, dit Pasquier[2], outre l’accomplissement qu’il eut de toutes les disciplines, on doit l’institution des lecteurs, que nous appelons professeurs du roi, sous le roi François Ier, » institution qu’il obtint effectivement en 1530. On peut regretter, à cet égard, que M. Rebitté ne rende pas à ce prince une assez complète justice. L’honneur d’avoir fondé le collège de France, si le mot ne doit pas avoir un sens fictif, n’appartient, selon lui, qu’à Louis XIII. Il est vrai que celui-ci eut le mérite très-réel de créer un édifice pour les cours et des traitements pour les professeurs[3] ; mais cet établissement que notre pays est fier de posséder, il ne faut pas oublier que François, suivant l’énergique expression de Pasquier, l’avait bâti en hommes ; que Danès, Toussain, Turnèbe, Passerat, Ramus, dès l’origine de cet enseignement, par l’éclat de leurs talents et le retentissement de leurs leçons, par le nombre des auditeurs qui se pressaient autour d’eux[4], inaugurèrent en

  1. Oratio XV. Voyez l’édition de 1834, Lipsiæ, t. I, p. 223.
  2. Recherches de la France, III, 29 ; IX, 18 et 20. Cf. Félibien, Histoire de Paris, t. II, p. 985 et suiv.
  3. Voyez Crevier, Histoire de l’Université, t. V, p. 240 et suiv.
  4. Dans une de ses harangues latines, Lambin dit expressément que