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GUILLAUME BUDÉ.

raires[1] est, comme le seul titre l’indique assez, un nouveau plan de travail substitué à la discipline du moyen âge, que le progrès des esprits condamnait à périr. Par ses Commentaires[2], édités en 1529, il détermina le sens d’une grande partie de la langue à laquelle il avait dévoué sa vie. Joseph Scaliger, après la lecture de cet ouvrage, s’écria, dit-on, dans l’élan de son admiration : « Il n’y aura jamais un autre Budé en France[3] ! » On sait qu’au seizième siècle, à l’exemple de Cicéron et de Pline, les savants se plaisaient à écrire des lettres, bien plus à l’adresse de la postérité que de leurs amis. Nous avons ainsi de Budé six livres de lettres, cinq composés en latin et un en grec, dont son historien a tiré, pour le faire bien connaître, un très-heureux parti.

Mais de toutes les productions de Budé celle qui a obtenu de son temps et qui conserve encore le plus de réputation, c’est le De asse, que M. Rebitté ne craint pas d’appeler « un miracle d’érudition et d’intelligence. » Pour fixer (car tel est l’objet du livre) la valeur et la dénomination des monnaies de Rome à toutes les époques de l’histoire, quelle immense lecture ne fallait-il pas posséder ? quelle étendue, quelle puissance d’esprit cette tentative, alors sans exemple, ne supposait-elle pas ? Non-seulement, dans ce livre d’une richesse exubérante, la connaissance de l’antiquité cou-

  1. De studio litterarum recte instituendo.
  2. Commentarii linguæ græcæ. Entre autres jugements à consulter sur les Commentaires de Budé, on peut signaler un article publié par la Quarterly Review, t. XXII.
  3. Scaligerana, t. I, p. 33.