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GUILLAUME BUDÉ.

mais il ne voulut point de guide, et son application opiniâtre lui tint lieu de tout secours. Ce fut par ses efforts isolés et son étonnante sagacité qu’il parvint à cette connaissance approfondie du grec, qui fit sa célébrité. En un petit nombre d’années le fougueux chasseur fut un prodige d’érudition, et la voix publique de toute l’Europe le mit au-dessus de tous les savants. M. Rebitté, en peignant cette énergique figure, en racontant cette existence qui a son intérêt romanesque, ne nous laisse pas ignorer le secret d’une supériorité si rapidement conquise. « Chaque jour, nous dit-il, Budé, depuis son lever jusqu’à midi et depuis trois heures jusqu’à neuf, ne quittait pas ses livres. » Une seule fois cependant cet ordre si invariable fut interrompu, ce fut le jour de son mariage ; mais, dans cette journée même, les contemporains ont constaté qu’il passa trois heures au travail[1].

L’activité laborieuse de Budé explique le grand nombre de ses ouvrages. Pour en connaître la liste, nous renverrons le lecteur au livre de M. Rebitté ; nous ne mentionnerons pour nous que les principaux. Il entreprit, dans son Traité du passage du grec au christianisme[2], de montrer que l’étude de l’antiquité était une préparation au christianisme, les lettres profanes devant, selon lui, servir d’introduction aux lettres sacrées. Son livre sur la Réformation des études litté-

  1. « Illud in eam rem jactabat (Ærodius), Guillelmum Budæum, quo die uxorem duxerat, tres horas studuisse. » Ménage, Vitæ Ærodii et Menagii, in-4o, 1675, p. 91.
  2. De Transitu hellenismi ad christianismum.