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GUILLAUME BUDÉ.

De ceux qui l’enseignèrent publiquement au seizième siècle, le plus ancien, d’après M. Rebitté, fut Lefèvre d’Étaples ; il peut même passer pour le premier, au rapport de du Boulay[1], qui en ait expliqué dans l’Académie de Paris ; le plus habile fut Danès. Le portrait de ce dernier est vivement esquissé ; mais tout en rendant justice à la distinction de son esprit, en accordant des éloges mérités à l’étendue de ses connaissances, M. Rebitté s’efforce de montrer qu’il n’a pas exercé une action assez efficace sur le progrès des études grecques : l’impulsion puissante qu’elles ont reçue leur est, à ce qu’il estime, venue presque tout entière de Budé.

Né en 1467 ou 1468, celui-ci ne parut pas dans sa première jeunesse destiné au rôle qu’il devait si courageusement remplir. Il la dissipa dans l’oisiveté, se livrant avec emportement aux plaisirs, surtout à celui de la chasse. Plus d’un souvenir de cet exercice, répandu dans ses ouvrages, atteste assez qu’il y était passé maître. Ce ne fut qu’à vingt-quatre ans que succéda aux passions qui l’avaient jusqu’alors agité une passion unique, celle de l’étude, qui ne s’éteignit plus qu’avec sa vie.

Issu d’une maison distinguée et riche, il pouvait pour ses travaux mettre à profit toutes les ressources du temps et recourir aux professeurs les plus accrédités ;

  1. Histoire de l’université de Paris, t. VI, p. 928 : « Theodorum Gazam interpretatus est, quæ prima fere fuit atticæ linguæ in Academiam parisiensem introductio. » Ce fut au collège de Coqueret qu’il donna ses leçons.