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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

et qu’il n’est pas de cœur si fermé où elles ne pénètrent enfin et ne trouvent leur écho.

Ainsi se terminent les récits de Montluc, récits souvent mal digérés, fort chargés de mots techniques hors d’usage, et de détails entassés un peu au hasard avec la fougue d’une imagination méridionale. Remplis de noms propres ou autres tronqués par précipitation ou ignorance, ils n’ont pas toujours pour le lecteur moderne, il faut l’avouer, tout le degré de netteté et de clarté désirables. Les allocutions, les apostrophes, les leçons tirées des faits et mises en relief par l’auteur sont la partie vive, animée, éloquente même de l’ouvrage. Là, l’auteur exprime sa pensée sans embarras, avec chaleur et avec élan. On pourrait, comme nous l’avons dit, faire de ces leçons un résumé substantiel et très-digne de trouver encore sa place dans une bibliothèque militaire.

Quant à sa langue, elle offre des anomalies singulières, qui rappellent les patois du midi. Par exemple, Montluc écrit : ils tournarent, ils s’arrêtarent, ils abandonnarent, je haussis (la voix) pour je haussai, langage gascon ; qu’était cause, pour ce qui était cause. En général il mêle un peu les conjugaisons, et le respect de la grammaire paraît être pour lui d’un médiocre souci. Quelquefois aussi des mots soldatesques lui échappent ; il en est que je m’abstiendrai de citer. Notons seulement cette phrase énergique pour montrer qu’il ne recule pas devant la crudité des paroles : « Il faut crever et vendre bien cher votre peau. » — « Vous trouverez dans ses Commentaires, disait déjà un contemporain, un