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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

venir de l’artillerie, » cet auteur déclare qu’il est en mesure de prouver qu’avant « Montluc, qu’on cite comme ayant dédaigné les armes à feu, aucun capitaine n’en fit un aussi judicieux emploi. » Et la preuve en effet est facile : elle peut se déduire de plus d’un passage des Commentaires. On y voit que Montluc fut, pour son temps, un très-habile ingénieur. Il ne cède à personne le soin de disposer l’artillerie ; et pour l’attaque ou la défense des places surtout, partie où il excelle[1], il sait en tirer le meilleur service. Son coup d’œil, et il s’en applaudissait, était des plus justes, particulièrement dans cette circonstance. Il n’en est pas moins vrai que comme, à l’entrée de Montluc dans la carrière, « il n’y avait encore, lui-même l’atteste, que peu d’arquebusiers en France, » sa préférence était demeurée acquise aux armes de sa jeunesse.

Ces armes étaient l’arbalète, des lances de diverses espèces, entre lesquelles il y en avait de longues et ferrées par les deux bouts, que l’on appelait des lances gaies, dont se servaient notamment les Espagnols ; la dague, le poignard, surtout la hallebarde, objet de prédilection pour Montluc, qui nous dit que « c’était son arme ordinaire au combat, » et qu’il « avait toujours aimé à jouer de ce bâton. » Les rondelles figuraient parmi les armes défensives. Ces noms, un peu vieillis, rappellent ceux des troupes dont nous parle Montluc, les bandes noires, les corselets, les cui-

  1. « Tant de diverses choses que j’avais expérimentées m’avaient, dit-il, appris à connaître et prévoir la ruine ou le salut d’une place. »