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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

de la nature divine et pour être comme la marque de cette main bienfaisante dont nous sortons[1]. » Pour continuer avec Bossuet : la bonté doit donc être comme le fond du cœur du héros ; et c’est ce qui fait que ce nom ne saurait être donné à Montluc.

II


Considérons maintenant en lui non plus l’homme d’action, mais l’homme de pensée ; non plus le guerrier, mais l’écrivain ; en un mot l’un des premiers auteurs, par l’ordre des temps comme du mérite, de ces mémoires, brillante expression de l’esprit français, où il s’est déployé sous de si riches aspects et sous des faces si diverses. Cette littérature en particulier, qu’on pourrait appeler militaire, est un des chapitres les plus curieux de notre littérature en général. Montluc, nous l’avons vu, était originaire d’une contrée remarquable par la vivacité des esprits et le goût des lettres ; car après le centre de la France, favorisé par le séjour des rois et la naissance des auteurs (du Bellay était Angevin, Ronsard Vendômois, Rabelais Tourangeau), la Guyenne, d’une haute importance politique et bien identifiée dès lors avec la France, à laquelle elle avait eu quelque peine à s’assimiler, était en possession de produire des hommes d’imagination et des écrivains en grand nombre : Montaigne, Brantôme

  1. Oraison funèbre de Condé.