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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

les grandes corvées ni de prendre grand’peine. » Cependant il ne laissa pas d’entrer en campagne comme pour se mettre en possession de son titre, et il assista au siège de la ville de Gensac, où s’étaient renfermés les huguenots.

L’heure du repos avait sonné pour lui, et ce fut alors que, dans sa terre d’Estillac, en Agénois[1], qui n’était éloignée de Nérac, nous dit-il, que de quatre lieues, il composa, pour occuper sa retraite, ses Commentaires, qu’il nous reste à apprécier.

Il ne prolongea d’ailleurs que trois ans cette vie aventureuse qui s’achevait dans un profond repos et qui se termina en 1577.

Dans un poëme consacré à ses mânes et que nous avons déjà cité, le poëte bordelais de Brach, célébrant Montluc comme un héros de la Guyenne, a parcouru le cycle de ses exploits avec la fidélité de l’annaliste. Suivant lui, jamais homme ne vit plus d’engagements et de batailles rangées, d’assauts, de défenses et de prises de villes. Il servit son roi pendant soixante ans, et commanda pour lui cinquante-huit, pouvant s’attribuer cet honneur,

De n’avoir, combattant, jamais tourné visage.

De là, comme l’atteste Montluc, « il avait rapporté sept arquebusades pour s’en faire ressouvenir, et plusieurs autres blessures, n’ayant membre en tout son corps où il n’avait été blessé, si ce n’est le bras droit, »

  1. Montluc écrit quelquefois Stillac.