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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

Comment le capitaine Montluc, objet de ces regrets, avait-il été chercher la mort si loin de son pays ? C’est qu’il était aussi impatient du repos que son père, et qu’après la pacification de la Guyenne, comme celui-ci nous l’apprend, « se voyant inutile en France, pour n’être courtisan, et ne sachant nulle guerre étrangère où s’employer », il avait imaginé, avec l’aventureux esprit de cette époque, d’aller en Afrique pour y faire quelque conquête. Son nom, sa réputation de bravoure lui avaient donné des compagnons, et, suivi de plus de trois cents gentilshommes, avec une troupe excellente et bien commandée (car ces temps avaient formé à la fois des soldats et des capitaines), il s’était embarqué à Bordeaux sur une flotte de six navires parfaitement équipés. Ayant relâché à Madère, où les insulaires voulaient l’empêcher de faire provision d’eau, il fallut, continue Montluc, « courir aux mains, à leur perte et ruine, et plus à la mienne, qui perdis là mon bras droit. » Le jeune homme y fut en effet emporté d’une mousquetade « à la fleur de son âge et lorsque je pensais, ajoute l’écrivain, qu’il serait et mon bâton de vieillesse, et le soutien de son pays, qui en a eu bon besoin… car il n’y avait gentilhomme en Guyenne qui ne jugeât qu’il surpasserait son père… Laissons ces

    barricade d’un fort. Il lui resta un fils, chevalier de Malte, qui commandait les galères du roi, et qui remporta même de brillants succès. En outre, des fils qu’il avait perdus il conserva plusieurs petits-fils, et il lui arrive de s’adresser dans ses Commentaires aux petits-Montluc, comme on le verra plus loin. — Voy. aussi Dict. de Moréri, 1750, art. Montesquiou et Montluc.